C’est quoi l’engagement social 2.0
TransfertSi vous êtes un peu fait de l’aspect social média du web, le terme engagement doit sans doute vous dire quelque chose. Mais, en fait, c’est quoi l’engagement, qu’est-ce cela signifie réellement dans les faits ?
Définissons l’engagement en bon français
Et comme toujours, le meilleur des points de départ reste le dictionnaire. Et il nous dit quoi le dico ?
En vieux français, c’est un acte amoureux, on parle d’engagement entre deux personnes qui s’aiment.
Nous avons aussi l’engagement sous les drapeaux, s’engager dans l’armée. Il y a aussi le boulot, être engagé dans une société, en CDD ou en CDI. Moins rigolo, il y a la mise en gage d’un objet. Ce peut aussi être un acte de droit : inscription sans engagement. En médecine, l’engagement est le moment ou le bébé commence sa descente lors de l’accouchement. En sport, c’est le début d’une partie, ou d’une mi-temps, on parle d’une mise en jeu. Dans la société, on parle d’un engagement politique et/ ou social.
Globalement, l’engagement désigne donc un pacte entre deux personnes, oui, même pour le bébé pour qui signe un pacte avec la vie, à l’encontre de son plein gré, vu que personne ne lui a demandé son avis.
Pour redevenir sérieux, cet acte est donc volontaire et pris en pleine connaissance de cause, du moins, dans un cadre normal, je mets à part les arnaques dont le but est de vous engager en vous masquant la réalité des faits.
Toujours dans le dictionnaire, en me tournant vers les synonymes, ou les cooccurrences, je trouve des mots comme promesse, crédit, contrat, respect, objectif, militantisme, et ainsi de suite.
Engagement social, un contrat entre vous et un site ?
Engager, c’est partager ? Et partager, est-ce s’engager ?
Bien ! Voilà qui est déjà plus clair sur ce qu’est l’engagement dans la vie courante. Maintenant, si l’on transpose tout ceci à la vie d’un site web, ça nous donne quoi ?
Est-ce que le fait de tweeter ou liker un article nous engage réellement vis-à-vis d’un site ? Est-ce là un pacte que je signe avec cet auteur ou cette marque ? Certainement pas !
Y’a-t-il un contrat moral entre moi et le site X ou Y ? Non. Serais-je tenue de partager X articles par semaine ou par mois sous peine de me voir infliger une punition ? Non.
Pourtant, en tant qu’auteur, dès fois, je vous collerais volontiers une punition pour manque de partage sur certains excellents billets de 4h18 ! (( :
Dans tous les cas, que vous cliquez sur un bouton de partage, que vous vous abonniez à une newsletter, vous êtes et demeurez libre de tout contrat, morale ou légal.
Alors, c’est quoi l’engagement sur le web ?
Je serais tenté de dire, au vu de la définition et des synonymes qu’il s’agit d’abord d’un abus de langage. Nous venons de le voir, il n’existe aucun engagement factuel entre un internaute et un site lorsque ce dernier partage vos contenus.
Dans l’esprit, j’estime qu’un internaute est plus engagé envers un site quand il participe activement à la vie de ce dernier, comme sur les forums. Ici, l’engagement est plus concret, plus palpable, puisque l’internaute apporte du contenu et participe activement à la vie et à l’essor du site.
La notion d’engagement autour du partage est plus ambigüe. Dans l’absolu, un internaute va partager un contenu qu’il trouve pertinent afin de donner à celui-ci un peu plus de visibilité. Le fait de partage un contenu, dans l’esprit, signifie qu’une personne estime que ce contenu-là est pertinent, polémique, choquant, intéressant, bref, un contenu à voir, car il fait réagir.
Le partage narcissique
Néanmoins, avec l’explosion des plateformes sociales, la chose s’est peu à peu pervertie. Si je vous parle de curation ? Un terme 2.0 pour remettre au gout du jour la revue de presse, terme sans doute désuet au goût de certains.
La curation est devenue un enjeu, pas pour les marques ou les entreprises qui l’utilise depuis des lustres. Non, pour l’internaute en quête de reconnaissance. Devenir un curateur reconnu, c’est aujourd’hui un challenge. Certains ne font que cela toute l’année. Des machines à partager tout ce qui passe à portée de clic et qui traine plus ou moins dans leur « ligne éditoriale ».
Le partage devient quelque chose du genre « vous voyez, je suis un curateur à la pointe, suivez-moi ». Éternel narcissisme du genre humain.
Engagement, partage, le grand mélange
De fait, la notion d’engagement devient totalement faussée. Le but du partage est bien d’obtenir une meilleure couverture médiatique, de ce point de vue, pas de problème, nous sommes en plein dedans. Un curateur particulièrement suivi pourra vous drainer soit du trafic, soit plus de partages et personne ne va cracher dans la soupe.
En revanche, en question engagement, qu’en est-il réellement ? Quand une entreprise parle d’engagement, elle sous-entend prospects, clients, chiffre d’affaires. Les partages, c’est bien, mais du cash, c’est mieux.
Un internaute qui va cliquer sur un bouton de partage ne sera pas forcément un futur client. Il va falloir travailler un peu plus que cela pour gagner sa confiance. Même si ce partage est un bon signe pour votre contenu.
A contrario, est-ce que peu de partage signifie peu de clients ? Non. Je m’amuse de temps à autre à regarder les compteurs sur les sites e-commerce. Et ce n’est pas la joie, ce qui n’empêche pas le site de vivre sa vie et d’être rentable.
Que faut-il retenir de tout cela ? Que le seul vrai moment où un internaute s’engage vis-à-vis d’une marque c’est lorsqu’il en devient client. Dès cet instant, vous avez un contrat, si ce n’est en bonne et due forme, au moins moral entre vous et cette personne, c’est aussi ce que l’on appelle le service client.
Dès cet instant, l’engagement est acté, factuel, concret. Et si vous ne respectez pas l’engagement qui est le vôtre en tant que marque, vous risquez d’en prendre pour votre grade.
Note : article inspiré par la lecture de « Quand trop d’engagement mène au désengagement«